Contrairement aux apparences, alors que l’école attend parfois naïvement de la police une prise en main musclée ou à tout le moins une solution rapide et efficace, il arrive que cette dernière envisage son rôle tout autrement. C’est le cas de Cédric Smeets, commissaire de police qui s’interroge sur la légitimité des interventions policières organisées en vue de gérer les problématiques de consommation au sein des établissements scolaires. Des propos salutaires qui ont le mérite de renvoyer la balle aux instances pédagogiques.
Penser que la police est l’unique acteur de la sécurité, voire même un acteur majeur, est une vision d’un autre temps. Sans rentrer dans les détails d’une vision de la sécurité qui part du principe que son approche doit être globale, intégrale et intégrée, je me contenterai de dire qu’en l’espèce, le rôle de la police dans la dyade école/drogue doit rester marginal.
La police ne peut être, devenir ou rester la réponse par défaut face aux problèmes liés à la consommation de stupéfiants, particulièrement en milieu scolaire.
Tout d’abord, la police ne peut se substituer aux instances pédagogiques, ni même tenter de s’immiscer dans une relation qui se veut fondatrice de ce que sera l’adulte de demain. En restant dans le domaine pure- ment développemental, considérer — et transmettre cette considération aux enfants — que la règle ne doit être respectée que parce qu’il existe un risque pénal à ne pas le faire ne me semble pas la meilleure approche en terme d’éducation. En résumé, la « peur du gendarme », la crainte de se faire prendre et d’être puni, ne peut être le moteur de l’action, positive ou négative, de l’individu.
De plus, en caricaturant, il apparaît évident que toute immixtion du policier entre l’élève et le professeur se fera au détriment de l’autorité mais aussi de la crédibilité de ce dernier, et ce même s’il en est l’initiateur.
Ensuite, il est important de maintenir l’idée que l’école est un sanctuaire. Non pas un lieu où tout est permis, sans règle, mais bien un lieu où tout est négociable, un lieu où la transgression de la règle fait partie du dialogue entre l’élève et le professeur, où même la punition peut faire l’objet d’une négociation.
L’institution policière ne dispose pas de l’autonomie, de la liberté d’action, permettant d’appréhender ce problème avec souplesse. En résumé, l’intrusion de la police dans l’école donne le sentiment que la seule réponse sociétale acceptable à la transgression est la répression formatée.
Il est des situations où la nécessité d’intervenir dans les murs de l’école devient évidente. Nous pensons immédiatement aux situations mettant gravement et de manière imminente en péril l’intégrité physique des personnes, mais aussi parfois des situations moins dramatiques. Je ne pense pas cependant que la consommation de drogues en fasse partie.
La toute grande majorité des réponses efficaces à la consommation de stupéfiants, pourvu que l’on considère qu’une réponse doit être apportée, ne sont pas entre les mains de l’institution policière, particulièrement quand il est question d’adolescents. En l’espèce, imaginant que les faits se déroulent dans l’enceinte de l’école et postulant que l’institution scolaire fonctionne correctement, l’auteur/victime des faits est déjà entre les mains des personnes les plus aptes à lui apporter l’assistance dont il aurait éventuellement besoin. Ce sont également elles qui sont les plus disposées à passer le relais à d’autres tout en gardant toujours en tête l’élément fondateur de toute intervention en la matière : l’intérêt supérieur de l’enfant, dans l’immédiat et à long terme.