Le nombre des opérations policières « anti-drogues » dans les écoles avec chiens et fouilles systématiques de classes entières a tendance à augmenter depuis une dizaine d’années. Face à cela, des parents, des intervenants de prévention mais aussi des acteurs scolaires tels des enseignants, des éducateurs et des directeurs se posent des questions. Les missions de la police apparaissent de façon très confuse à leurs yeux. Est-ce bien légal de fouiller les élèves ? La police doit-elle avoir un mandat ? Doit-on prévenir les parents ? Et si oui, avant ou après la fouille ? Des questions portent aussi sur les effets potentiels de telles opéra- tions : vont-elles supprimer les comportements problématiques ? Vont-elles traumatiser les élèves ? Quels effets ont-elles sur la relation entre l’école et les élèves ? Afin de répondre le plus précisément possible à ces questions, deux brochures ont été rédigées par des acteurs associatifs.
« Les opérations “anti-drogues” dans les écoles. Il est urgent… d’arrêter ! » (2014)
La Ligue des Droits de l’Homme et Infor-Drogues ont produit une brochure d’une petite vingtaine de pages, disponible en téléchargement sur leurs sites internet respectifs (www.liguedh.be et www.infor- drogues.be). D’une part, le document compile les différents textes règlementaires (circulaires, loi sur la fonction de police, décret Missions, etc.) et d’autre part, il analyse les effets potentiellement problématiques de ces opérations.
Face à ce type d’opération, les questions sont nombreuses. Premièrement, sont-elles justifiées par une augmentation de la consommation et/ou du trafic de drogues au sein des établissements scolaires ? Rien n’est moins sûr et ces opérations semblent être plutôt la résultante d’une politique sécuritaire. Deuxièmement, les objectifs répressifs (« on était dépassés, il fallait faire quelque chose ») et préventifs (« donner un signal clair aux élèves ») avancés par les directions d’école pour autoriser ces opérations policières laissent perplexes. En effet, d’une part, sur le plan répressif, la loi « drogues » malgré sa grande sévérité, n’a pas réussi à empêcher les consommations. En serait-il autrement dans les écoles ? Enfin, se pose la question de la légalité de ces interventions policières et de leur compatibilité avec un certain nombre de garanties juridiques. S’il est particulièrement difficile de circonscrire les droits et obligations de chacun face à ce type d’interventions, leur caractère systématique pourrait bien s’avérer illégal.
« Drogue-Police-École, droits, questions et pistes » (2015)
Les associations membres de la Concertation Réflexion École-Police Bruxelles¹ (la CREPB) ont, à juste titre, estimé nécessaire l’ajout de pistes d’actions de prévention pour répondre au « Que faire et qui appeler puisque la police n’est pas le bon inter- venant ? ».
Dès lors, une deuxième brochure a été rédigée avec les témoignages de plusieurs directeurs d’école qui décrivent ce qu’ils mettent en œuvre au sein de leur établissement. Une liste d’intervenants susceptibles d’aider les équipes éducatives a également été jointe pour compléter ce document.
Les usages de drogues suscitent beaucoup d’inquiétudes au sein du monde scolaire. Certaines directions, prises au dépourvu par une réalité sur laquelle elles ne pensent pas avoir de prise, font appel à la police pour détecter les consommateurs. Pourtant, des écoles refusent d’en arriver à cette extrémité et à cette confusion des rôles, étant donné que la police n’est pas, dans ce cas de figure, un acteur de prévention des assuétudes.
Le dialogue et la confiance sont les valeurs clefs des pratiques éducatives et de prévention. Comment les construire et les encourager au sein des institutions scolaires ? Les adultes qui entourent le jeune sont les messagers les plus crédibles de cette prévention. Dans une perspective de promotion de la santé, cette prévention vise à « construire avec », à aider le jeune au quotidien à s’autonomiser et à maintenir suffisamment d’estime de soi pour développer un bon équilibre physique, social et mental.
Autant dire que les réponses sont avant tout dans les mains des acteurs scolaires. La brochure « Drogue-Police-École, droits, questions et pistes » présente un certain nombre de pistes éducatives pour limiter les situations problématiques et pour favoriser le bien-être de chacun des acteurs de l’école.
1. La CREPB rassemble le Centre bruxellois de Promotion de la Santé, le Délégué Général aux Droits de l’Enfant, Infor-Drogues, Prospective Jeunesse, la Liaison Antiprohibitionniste, la ligue des Droits de l’Homme, le Service Droits des Jeunes, Bruxelles Laïque et le Fonds des Affections Respiratoires.
Les brochures sont téléchargeables sur les sites internet d’Infor-drogues et de Prospective Jeunesse.