Édito : Après les élections… Quelles pistes pour la législature 2024-2029 ?

janvier 2024

Si la thématique des drogues s’est invitée dans la campagne électorale, ce n’est pas sous l’angle – sanitaire – que les secteurs de la prévention et de la promotion de la santé auraient souhaité. Au contraire, a prévalu la course au sensationnalisme et la musculation politique qui en découle. Certaines personnalités politiques ont même pu oublier, ou faire semblant d’oublier, les programmes électoraux de leur parti pour se lancer dans des surenchères sécuritaires.

C’est heureusement moins de cette campagne aux relents populistes qu’il est question dans ce numéro que des perspectives qui s’ouvrent au lendemain des élections. Pour ce faire, nous proposons tout d’abord une « carte blanche » collective. Directement inspiré du « manifeste des 343 » qui avait ouvert la voie à la loi Veil en matière d’avortement, ce texte signé par des personnalités issues de la magistrature et des mondes médicaux, juridiques, artistiques et associatifs entend contribuer à sa manière à l’ouverture du débat sur la dépénalisation. Cette manière, influencée par les mouvements de désobéissance civile, consiste à avouer s’être mis en situation d’infraction à la loi de 1921 par la consommation de substances illégales.

Guilhem de Crombrugghe présente ensuite les demandes des opérateurs de prévention regroupés dans la plateforme Agir en prévention à l’intention des futurs gouvernements. Plébiscitée dans les discours et les programmes, la prévention l’est en effet nettement moins dans les actes. Plusieurs pistes concrètes sont présentées pour combler ce fossé devenu insupportable et donner enfin un caractère concret aux bonnes intentions.

C’est sur quelques éléments-clés qui ont jalonné la législature 2019-2024 aux différents niveaux de pouvoir que revient Anaïs Teyssandier dans le troisième article de ce numéro, qui témoigne de la valse-hésitation politique entre prévention et répression et, en quelque sorte, de l’impossible double-bind consistant à vouloir éradiquer les effets les plus délétères de la loi de 1921, sans avoir le courage politique de la mettre en question.

Ce sont les convergences et divergences entre partis sur la question de la dépénalisation de la détention pour usage personnel et sur celle du renforcement des politiques de prévention, qui sont ensuite analysées. L’objectif de cette analyse consiste à évaluer les potentielles avancées des prochains accords de majorité sur ces deux questions.

Enfin, le rôle de l’Union européenne dans les politiques en matière de drogue est présenté dans le dernier article de ce numéro – et en particulier sa stratégie en matière de drogue (2021 – 2025) et son plan d’action.

Il aurait été vain de vouloir être exhaustif sur tous ces sujets, mais nous espérons apporter par ces différents éclairages quelques clés de compréhension et d’interprétation des évolutions politiques des semaines et mois à venir, en espérant que le sensationnalisme qui a dominé la campagne laisse la place à une réflexion sereine plus favorable à la santé publique qu’aux ego-trips de quelques mandataires en mal de visibilité.