Edito : Réglementation des drogues – modèles à suivre

mars 2022

Laisser une trace

Le Covid aura fait de nombreuses victimes directes et indirectes. Parmi ces dernières figure, hélas, le colloque que la Liaison antiprohibitionniste avait projeté d’organiser en novembre 2020 puis en mai 2021, et dont la succession de confinements aura fini par avoir la peau.

Animée de la volonté de ne pas tout perdre de la richesse des échanges promis, Sarah Fautré a proposé, pour la Liaison antiprohibitionniste, que Drogues, Santé, Prévention recueille quelques-unes des contributions prévues, afin que reste une trace écrite de ce qui n’a pas pu exister à l’oral.

Vous en avez le résultat sous les yeux : un résultat indéniablement plus optimiste – malgré tout – que ce qu’il aurait été il y a quelques années. Nombreux sont en effet les États dans lesquels la question de la dépénalisation/légalisation/réglementation des drogues, qui paraissait pétrifiée dans d’épaisses couches de déni, a connu des avancées législatives spectaculaires en moins d’une décennie. Plus nombreux encore sont ceux, qui sans avoir encore connu de telles avancées, ont mis en route un débat, dont l’issue semble inéluctable, tant les arguments sont convaincants.

Sans prétendre à l’exhaustivité, ces « Actes » proposent de revenir sur quelques-unes de ces avancées et d’en tirer un premier bilan d’étape. Ce sont les examens des cas portugais, canadien, suisse et allemand qu’on retrouvera dans la seconde partie du présent numéro.

Quant à la première, elle offre des plaidoyers forts en faveur de l’abandon de la vision prohibitionniste qui préside encore aux politiques menées en Belgique en matière de drogues. En plus d’avancer des arguments sur le « pourquoi », ces différentes contributions permettent aussi d’enrichir notre vision sur le « comment » et, ce faisant, d’enrichir des propositions politiques favorables à la dépénalisation/légalisation/réglementation qui évitent l’écueil de la marchandisation et de la pression de gros producteurs en faveur d’une augmentation des consommations.

Nous formulons l’hypothèse que le statu quo prohibitionniste ne tient que par une forme d’inertie des politiques publiques et par l’absence de débats clairs sur ces mêmes politiques. À deux ans des prochaines échéances électorales en Belgique, nous formulons le vœu que le présent numéro puisse relancer un débat, que les exemples étrangers puissent étayer encore un peu plus des arguments nourris de longue date, et que les partis politiques aient enfin le courage d’inscrire une révision profonde de la loi de 1921 dans leurs programmes électoraux.

Enfin, en plus des articles qu’on lira ici, la Liaison antiprohibitionniste a créé un site sur lequel trouver des traces vidéo de débats et interviews organisés dans le cadre de ce « colloque » : http://www.modelesasuivre.org/.