SZASZ Thomas, Payot, 1976
Poursuivant sa critique des pratiques de la psychiatrie institutionnelle, du pouvoir médical et de l’État thérapeutique, Thomas Szasz démontre dans cet ouvrage sur quelles ambiguïtés repose l’attitude de nos sociétés vis-à-vis de la drogue et des drogués. En une époque caractérisée par la surconsommation médicale et pharmaceutique, mais aussi par le développement à l’échelle nationale de la production et de la consommation de l’alcool et du tabac, il est pour le moins étrange de voir la « drogue » constituer une sorte de « bouc émissaire » qui permet à chacun de soulager sa conscience en focalisant sur elle l’attention du public, en organisant des mesures de répression qu’on se garderait bien de proposer pour d’autres « consommations rituelles » bénéficiant, elles, d’un consensus social et d’un soutien actif du Pouvoir (politique, économique, médical) qui y trouve son intérêt, parfois même sa justification.
Telle est la contradiction que dénonce Szasz. Il n’entend pas prêcher pour ou contre les drogues « dures », mais remettre en question la nature même du « problème » en exposant ses implications politiques et religieuses et en montrant que l’interdiction de certains paradis artificiels n’est que l’une des phases de cette lente dépossession, par l’« État thérapeutique », de l’autonomie et des droits fondamentaux de l’être humain.
WALKER Matthew, La découverte, 2018
Matthew Walker est professeur de neurosciences et de psychologie, directeur du laboratoire Sommeil et neuro-imagerie de l’université californienne de Berkeley. Dans ce livre de vulgarisation, il cherche à déchiffrer cette énigme : pourquoi le sommeil, qui nous rend tellement vulnérables aux prédateurs et aux autres dangers, a-t-il survécu à des milliers d’années d’évolution ? C’est qu’en termes de santé, ses bénéfices incommensurables dépassent de loin les risques auxquels il nous expose. L’épidémie de manque de sommeil qui touche les pays industrialisés atteste d’ailleurs ces bienfaits en filigrane. Du surpoids à la dépression en passant par les consommations abusives de substances psychotropes, bon nombre des maux qui affectent les sociétés contemporaines pourraient connaître un soulagement considérable par le simple fait de se réconcilier avec son sommeil et de lui accorder quelques heures hebdomadaires supplémentaires. La démonstration est sans appel et devrait permettre de consacrer à ce sujet intime les efforts politiques que justifie son impact sur la santé publique.
Fondation Roi Baudouin, 2018
Après plusieurs décennies de réflexions de plus en plus consensuelles des spécialistes de l’enfance, c’est ce rapport de la Fondation Roi Baudouin, initié dans le cadre du Pacte pour un enseignement d’excellence qui a posé les bases de la réforme du calendrier scolaire qui est entrée en vigueur cette année. Le rapport insiste sur le caractère global d’une réforme qui doit être articulée avec l’ensemble des activités sociales, depuis les transports jusqu’à l’accueil extrascolaire en passant par le monde du travail. La faisabilité du scénario finalement retenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles est testée auprès d’une série de parties prenantes et des pistes alternatives sont également proposées, dont notamment la possibilité d’octroyer aux élèves une enveloppe de deux jours de congé pour convenance « symbolique ou religieuse » afin de mieux refléter dans l’organisation des temps scolaires la diversité croissante de nos sociétés.