Après un périple autour du globe avec des jeux de société comme moyen de rencontre et d’interaction, Thibaut Quintens nous raconte l’importante place qu’a prise le jeu dans sa vie. Les activités de son ASBL Let’s play together ont pour objet de défendre la force universelle du jeu, moyen intense de partages et de développement de soi. Thibaut Quintens nous incitera d’ailleurs, en conclusion de l’entretien, à prendre la vie comme un jeu, pour le plaisir.
Et si on commençait par retracer le chemin qui t’a conduit à Let’s play together (1) ? Quels en ont été les tournants majeurs (2) ?
Tout d’abord, je ne le dis pas souvent mais je suis convaincu que ça a été une chance, j’ai grandi dans une famille où la télévision était inexistante jusqu’à notre adolescence mais avec une armoire remplie de jeux de société. On avait des moments de jeux récurrents et je réalise aujourd’hui combien ils m’ont permis d’apprendre beaucoup de choses, comme la gestion de mes frustrations par exemple. Le jeu était quasi intuitif chez nous. Alors que je criais au danger de ne pas pouvoir suivre dans la société, j’ai fait des études de communication sociale, en animation socioculturelle et éducation permanente.
Après ça, je suis parti un an en Amérique du Sud à la rencontre de différentes cultures, un voyage qui a fait germer l’envie d’aller plus loin dans les rencontres avec les différences.
Ensuite, j’ai été responsable d’une formation d’animateurs pour des jeunes qui étaient en difficulté scolaire, voire d’ancrage social, des jeunes en perte d’identité. L’objectif était vraiment de leur redonner de la confiance à travers les outils d’une formation classique d’animateur. J’y ai ajouté un module « jeux de société », qui n’existait pas, leur offrant ainsi de pouvoir utiliser le jeu comme moyen de détente, pour eux, et comme outil de travail dans leurs animations.
Par après, j’ai été engagé à l’ASBL Jeunesse et Écologie (devenue ensuite l’ASBL Empreintes — CRIE3 de Namur) où j’ai eu l’occasion de développer le jeu Optimove et plus tard Optimove junior (adaptation pour les écoles primaires), deux outils pédagogiques à dimension ludique, pour sensibiliser à la mobilité. C’est à ce moment-là, dans le processus de construction de l’outil, que j’ai vraiment pris conscience que le moment du jeu était quelque chose de richissime pour faire passer des idées, discuter de valeurs, échanger sur une thématique. Ça, ça a été un des tournants aussi…
Et puis l’envie de repartir s’est fait sentir, avec cette idée, qui avait mûri, d’entrer en lien avec les personnes. Et là, de manière assez naturelle, l’idée du jeu de société s’est imposée. Je n’ai trouvé personne qui avait déjà communiqué sur l’idée du jeu comme un fil rouge constant d’un voyage à travers différentes cultures, religions, âges, niveaux sociaux, économiques, etc. Gros défi donc, même si au fond de moi, j’étais convaincu de la faisabilité de ce projet. Le voyage devait durer six mois, il a duré deux ans et demi, cinquante mille kilomètres en train à travers la Russie, la Mongolie, la Chine, le Kirghizstan, le Kazakhstan, la Chine, le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande, la Malaisie, l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, la Turquie, et des pays de l’Est. Tout au long de mon voyage, j’ai constamment utilisé le jeu pour entrer en relation avec des gens dont je ne parlais pas la langue.
À mon retour, au fur et à mesure des rencontres et des sollicitations, j’ai monté des expositions et donné des conférences. J’ai développé un atelier « Jeux du monde » pour partager les anecdotes de mes rencontres à travers des jeux. À partir de jeux du monde, j’ai également construit un atelier « Jeurécup, je crée » parce que j’avais rencontré beaucoup de types de jeux à l’étranger, conçus sans forcément beaucoup de matériel, simplement avec ce qu’on trouvait autour de nous. C’était une autre manière, plus créative, d’entrer en lien et de partager des anecdotes. Pour des raisons également économiques, j’ai dû progressivement structurer ma dé- marche, la professionnaliser autour d’ateliers. Let’s play together, qui était le nom du projet de mon voyage devenait une association de fait autour de l’intérêt d’autres personnes pour la démarche. Depuis le mois d’août 2014, nous sommes une ASBL.
Voilà l’histoire résumée… Pour moi l’enjeu aujourd’hui est d’offrir un espace de développement de projets dont le jeu de société est le cœur et le moyen d’aller à la rencontre de soi et des autres. La porte est ouverte aux jeunes qui ont des projets.
Partir avec quelques jeux sur soi… En quoi le jeu permet-il d’entrer en lien ? Comment se passe alors la rencontre ?
J’avais une vingtaine de jeux dans mon sac dont quatre ou cinq jeux « brise-glace », des « bonjours ludiques » avec un petit côté magique ou un petit côté à construire ensemble, dont je feignais parfois de ne pas connaître la résolution pour attirer l’attention et l’aide de quelqu’un d’autre. Il suffisait géné- ralement qu’une première personne ose « répondre », touche une pièce d’un jeu, tente une résolution pour qu’ensuite d’autres se joignent à nous… Et c’est en cela, entre autres, que le jeu, bien choisi, est un outil magique d’interaction spontanée. On se retrouvait parfois avec dix mains autour d’un tout petit objet pour essayer de reconstruire simplement. Enfin, surtout, ça débouchait très souvent sur plusieurs journées dans une famille avec les proches qui m’emmenaient dans le village d’à côté pour que je partage le jeu avec leurs connaissances. J’ai eu l’impression qu’à travers le moment de jeu que j’offrais, il y avait toujours une volonté de donner ou de partager quelque chose en retour. Ça m’a permis de vivre simplement le quotidien des gens, et forcément aussi de découvrir leurs jeux. À chaque fois, on m’offrait à manger et en moyenne 7 nuits sur 10 je les passais chez l’habitant… Sans jamais ne rien avoir demandé. Là vraiment je me suis rendu compte que, quelles que soient les cultures, les différences dans la manière d’appréhender le jeu, les conditions de vie, les croyances, l’âge, on arrivait très rapidement et facilement à se mettre en lien autour du jeu de société.
Tu dirais que le jeu est un moyen plus universel que la musique de se rencontrer ?
C’est une question à laquelle j’ai beaucoup réfléchi… Le jeu et la musique sont incontestablement deux moyens de communication universels. Mais je pense que le jeu va plus loin dans le sens où il nous met tous sur un pied d’égalité. C’est-à-dire qu’une fois qu’on a pu expliquer la règle, qu’on s’est tous entendus sur cette règle, on est vraiment au même niveau et on partage le moment avec le même possible engagement Personne n’est « plus à l’honneur » parce qu’il sait jouer d’un instrument ou chanter juste par exemple.
La musique va nous faire vibrer, mais si tu joues de la guitare et que moi je ne sais pas en jouer, je ne vais pas pouvoir m’engager de la même manière avec toi. C’est une différence qui a son importance: tout le monde peut être valorisé à partir du moment où on a tous compris. On peut alors oublier qu’on est l’étranger, « l’Occidental » en l’occurrence, le non musulman, celui ou celle qui a trente ans de moins, ou vingt ans de plus. Sans expérience, toutes les personnes rencontrées ont pu jouer au même niveau que moi.
À ton sens, le partage d’un jeu doit-il être dénué de valeur culturelle précise ?
Dans cette démarche de rencontre, absolument! L’important ici à été de disposer de jeux qui ne faisaient pas appel à des connaissances, du langage, des niveaux d’éducation spécifiques. Il fallait prendre des jeux, non pas simplistes, mais simples de règles, simples à comprendre, ceux qui favorisaient le plus possible la mise en jeu de tout un chacun.
Il nous est arrivé plusieurs fois de réinventer des règles autour de la table, car l’apprentissage de la règle se faisait par essais et erreurs. C’est magique, car sans la langue ça ne pouvait se faire que de cette manière: je montrais, on faisait un tour, il y en avait un qui avait peut-être compris, qui essayait de raconter dans sa langue aux autres, tout le monde s’excitait, on refaisait un tour, il y avait encore une petite erreur, on la corrigeait avec quelqu’un d’autre, etc. Et ça fonctionnait, même si ce n’était pas exactement la règle de base, on allait jusqu’au bout pour construire la règle autour de laquelle tout le monde se comprenait et s’accordait. C’était un moment important de valorisation des uns et des autres.
Le jeu permet d’échapper aux impératifs pesants du quotidien, il instaure un rapport différent à la temporalité et à la relation à l’autre.C’est en cela qu’il est si précieux?
Ce qui est apparu de manière assez forte à travers les retours que j’ai pu vivre et comprendre, c’est que ce temps pris autour d’un jeu était intensément inscrit dans le présent. C’était dans un espace-temps tout à fait particulier, tout le reste était figé, l’avant, l’après. On était juste ensemble à partager des émotions, à vivre quelque chose entièrement tourné vers l’autre, à essayer de se comprendre, de s’entendre, à rigoler ou à râler. Et j’ai vécu cela comme un cadeau. Une bulle qu’il m’est beaucoup plus compliqué de m’offrir aujourd’hui dans mon rythme professionnel, car elle suppose de pouvoir « s’arrêter », de prendre le temps, de vivre pleinement l’instant présent.
J’ai finalement peu de mérite par rapport aux voyages que j’ai réalisés parce que je rencontrais des populations/minorités pour qui la notion du temps est encore assez différente de chez nous. Elles sont encore préservées d’un rapport temps-argent. La principale notion présente dans les régions où j’ai voyagé, c’est le quotidien, le devoir de faire ce qu’il faut pour (sur)vivre. Ce sont des tâches vitales, certes, mais qui ne nécessitent pas la même course effrénée, ni le même stress.
Ces moments gratuits qui nous sortent des impé- ratifs, de tous ces devoirs, je pense que c’est là la force universelle du jeu, celle qui nous ramène au plaisir tout simplement et qui réunit les gens aussi facilement.
À mon retour en Belgique, j’ai eu à chaque fois le réflexe de sortir un jeu dans le train. J’ai plusieurs fois été confronté à des gens qui m’ont dit ne pas avoir le temps. Il y en a d’autres aussi qui manifestaient de la méfiance, ils croyaient que je leur voulais quelque chose. Il n’y avait pas tant ce côté naturel et spontané pour « lâcher-prise ». Dans notre société je pense qu’il y a une pensée vis-à-vis de l’autre davantage liée à la méfiance voire à la peur de voir l’espace privé être envahi. J’ai très fortement ressenti cela à mon retour ici. Et ça m’a un peu choqué, car je ne l’ai jamais ressenti comme cela dans les pays où j’ai voyagé.
Le jeu peut-il être doté d’une intention pédagogique ou doit-il rester un moyen à part ?
C’est un moyen à part en ce sens qu’il a la capacité, bien accompagné, de mettre tous les joueurs sur un même pied d’égalité. Ça, je l’ai très intimement compris en voyage. Aujourd’hui, je souhaiterais que l’ASBL Let’s play together puisse continuer autour de cette idée et toujours dans une approche qui se veut un laboratoire. On essaye de surprendre et d’apporter le jeu dans des lieux qui ne sont pas forcément et naturellement ouverts sur le jeu. Cette dernière année, nous avons utilisé le jeu dans des lieux comme des maisons médicales, des files d’attente, des festivals, des homes, des hôpitaux… et même une soirée dansante (rires)!, etc. Encore une fois, le jeu intervient comme un moyen pour créer une interaction, un bonjour, un pas vers l’autre, un moment de plaisir à partager. Mais jamais le jeu n’est une fin en soi, c’est uniquement un moyen. Celui de prendre le temps, de se regarder, de s’écouter, de s’émouvoir… en oubliant ce qui a été vécu avant et en ne pensant pas à ce qui viendra après. C’est parfois très court, mais c’est intensément jouissif. C’est aussi un moyen puissant de plaisir pour découvrir l’autre autrement et pour dépasser des différences, ce sont ces aspects-là qui me sé- duisent le plus intrinsèquement dans le jeu.
Je suis assez critique parfois même réticent sur l’utilisation conjointe des mots jeu et pédagogique. Tout jeu de société est par nature pédagogique. Mais toute approche pédagogique n’est pas plaisir. Dire « On va jouer! » alors qu’on a affaire à un outil pédagogique qui est clairement identifié comme moyen de développer des compétences me semble tendancieux. De toute façon, les enfants ne sont pas dupes non plus. Je pense qu’il vaut mieux dire « Voilà on va utiliser un outil pour rendre le cours plus ludique » et l’utiliser comme tel, mais ne pas faire le mélange entre les deux. Je découvre beaucoup d’outils pédagogiques qui se définissent comme jeu sans presque aucune notion de plaisir… mais uniquement une mécanique ludique plaquée sur un cours ou une compétence scolaire que l’adulte veut faire passer.
Le jeu est bien sûr un moyen d’apprentissage énorme! Dans la plupart des jeux, on développe des compétences, on confronte des valeurs avec une autre motivation et sans en être conscient, c’est le plus délicieux. J’ai d’ailleurs rencontré des professeurs qui après avoir participé à une animation jeux en classe me disent: « Mais cet enfant-là, ce qu’il a fait dans le jeu, en classe, il n’y arrive pas! ». Pourquoi y parvient-il dans le jeu? Il se retrouve dans un espace-temps différent où le « professeur » devient animateur. Animer un jeu, l’accompagner comme un moment magique et particulier, c’est un rôle à prendre et à considérer en tant que tel. Le jeu doit être sorti d’abord pour le plaisir qu’on veut faire vivre… les compétences apprises, testées… suivront.
L’enjeu demeure avant tout dans l’utilisation du jeu comme un vrai moment de plaisir. Le travail sur certaines notions ou compétences, la prise de recul, doit se faire en dehors du moment de jeu lui-même. Le jeu est un magnifique terrain d’expérimentation et de dévoilement, qui, selon ma conception, est fondamental pour l’apprentissage de la vie ensemble, des codes et de leurs respects, du développement de ses propres limites face aux autres…
Je ne peux pas entrer en quelques mots dans l’exhaustivité de la richesse du jeu coopératif. Je dirais d’une part qu’il ne faut pas croire que parce qu’on joue à un jeu coopératif c’est d’office une bonne chose. J’ai vécu des parties autour de jeux coopé- ratifs où le dictat d’un joueur prenait la partie en main. Une fois encore, c’est une question d’accompagnement… mais aussi du choix du jeu, de son moment et des personnes qui se retrouvent autour de la table. Bien utilisée, c’est aussi une mécanique merveilleuse dans la mesure où la règle impose de s’entendre, de négocier et de se soutenir. En maison de jeunes, par exemple, on a travaillé sur les manières différentes de penser et de voir les choses. L’échange après la partie, la prise de recul, a fait jaillir des ré- flexions très importantes sur le cadre « hors-jeu » des interactions entre les jeunes et le quartier. On joue ensemble, on réussit ou pas, à cause de ci ou de ça, on râle. L’important reste d’échanger, quand tout est terminé: Qu’est-ce qui s’est passé? Pourquoi? Comment? Là, après le moment plaisir du jeu, on peut aller très loin.
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Que donnerais-tu comme conseils à un enseignant ou un intervenant social qui voudrait utiliser des jeux ?
Je suggèrerais aux enseignants d’offrir un temps de jeu régulier aux élèves, pour autant que les objectifs de travail aient été réalisés. Ce serait une forme d’incitation au travail et à l’entraide collective: les élèves font tout ce qu’ils peuvent ensemble pour obtenir leur moment de jeu, parce qu’ils le veulent. Ce serait du jeu « pour le jeu », des jeux qu’on choisit et pour lesquels on s’est fait conseiller auprès d’une ludothèque ou une association spécialisée.
Des boites de jeux qu’on ouvre ensemble, dans lesquelles on découvre un matériel, une magie… On oublierait « le tableau », tout en se disant qu’on y reviendra peut-être plus tard, autour d’un partage du type: « Tiens, à travers ça, qu’est-ce qu’on a fait? Qu’est-ce que ça a apporté chez vous? Pourquoi avez-vous gagné ou pas? Quelle a été votre straté- gie? » Il y a tellement de choses à développer autour de ça.
Aujourd’hui, il existe une année de spécialisation en Sciences et Technique du Jeu (4), on essaie de faire réfléchir sur l’utilisation du jeu. Pourquoi tel jeu, avec qui, dans quel contexte, à quelle fin? Un professionnel du jeu se positionne sur le jeu qu’il va utiliser, il sait pourquoi il l’utilise et toujours dans une dimension essentielle du plaisir. Il ne suffit pas de connaitre un jeu pour pouvoir l’accompagner, la magie ne se crée pas d’office. Et il y a des jeux pour tout le monde aujourd’hui, vraiment tout le monde. Il ne faut cependant pas jouer n’importe quand, n’importe comment, à n’importe quoi et avec n’importe qui. Aussi, il y a un temps pour le jeu.
J’en arrive à soulever un aspect fondamental, qui sonne un peu comme un appel: la nécessité de collaborer, de travailler ensemble, sans se substituer les uns aux autres, chacun avec ses compétences propres. Il s’agit de faire appel à des professionnels, afin que ce moment du jeu soit le plus pertinent possible et surtout qu’on garde la dimension première du jeu.
Le jeu, un bel outil de développement psychosocial ?
Je trouve qu’à travers le jeu il y a en effet le plaisir qu’un joueur a d’arriver à quelque chose, de soutenir un but dans le jeu. Parce qu’il est valorisé par tout le monde, il est très fier de ce qu’il vient de pouvoir faire. Ça ne se manifeste pas forcément de manière victorieuse les poings en l’air, mais on sent, avec certains enfants, une prise de confiance en eux à travers des petites victoires dans le jeu. Certains, plus réticents, plus réservés et qui, à un moment donné, quand ils sont dans le jeu et qu’ils oublient le contexte de la classe, parviennent à faire des choses, se rendent compte qu’ils y parviennent au final et qu’ils vont ainsi pouvoir soutenir les autres. C’est valorisant, oui le jeu apporte aussi cela.
Le jeu: quelque chose de pas sérieux à faire au sérieux ?
Oui, c’est un peu ça… Je parlais de tricherie tout à l’heure, mais ce qui importe au moment du jeu c’est de se mettre d’accord sur une règle commune, on ne peut pas faire sa petite règle à soi. Et si on décide d’une règle qui soit une forme de tricherie, qu’on soit tous d’accord. Ça, c’est la vie en société: parfois on les transgresse, mais on connaît les règles, on sait ce que ça peut impliquer.
Avec le jeu on retourne à sa nature première, on joue son rôle, on oublie très souvent le cadre, il n’y a plus que la règle du jeu qui compte et on doit y arriver. On découvre les autres, on apprend de leurs réactions. Et ça n’a pas de conséquences « graves » sur sa vie.
Finalement le jeu est un état d’esprit. Moi j’essaye de mener ma vie sérieusement sans me prendre au sérieux. La vie, je la prends comme un jeu, avec tout ce qu’il comporte comme plaisir, comme règles, que j’éprouve et dont je teste les limites, ou que j’essaie de mettre à mon avantage pour arriver à mes objectifs, comme nécessité de m’entendre avec les autres autour de la table pour que la partie continue, mais toujours dans le respect de l’autre. Vive le jeu! Vive la vie!
4. Voir l’interview de Michel Van Langendonckt page 28.