Souvenez-vous, c’était il y a six mois… Il y a une éternité ! Le début du confinement, le début de ce que chacun prenait comme une parenthèse qui allait se refermer rapidement pour accoucher du monde d’après. Si les contours de ce monde d’après restaient flous, son cœur n’en était pas moins empli d’optimisme : le choc de la pandémie allait remuer les consciences et faire bouger des lignes jusque-là immuables. Chacun aspirait à un retour à la normale mais ce n’était pas « la norme d’avant » qui allait y présider. Les limites de notre modèle de développement, de production, de santé avaient été trop mises à nus pour qu’il sorte de cette épreuve sans transformation radicale.
Las ! Elle était encore bien trop optimiste cette dichotomie entre « monde d’avant » et « monde d’après » en ce qu’elle faisait l’impasse sur le « monde du pendant » dont nous ne sommes toujours pas sortis et dont nous ne savons toujours pas combien de temps il sera encore le nôtre. En termes politiques, légaux, économiques et sanitaires, s’installe insidieusement l’idée que l’exceptionnel est devenu la nouvelle normalité, et que nécessité fait loi, fût-ce au détriment de l’État de droit.
L’après se dérobe sans cesse pour laisser la place à un présent aux apparences d’éternité et les rêves de transformation s’enlisent dans la nécessité immédiate de survie, tout autant économique que sanitaire… Lire la suite.