Édito: Politiser le burn out

octobre 2019

« Avant, quand ça n’allait pas dans l’entreprise, on organisait une grève. Aujourd’hui, on se déclare en burn out ». Cette phrase, récoltée lors de la confection de ce numéro, témoigne bien de l’individualisation des réponses face à des rythmes de vie, à des attentes ou à des conditions de travail/de blocus/de bénévolat/de vie sexuelle/de compétition sportive/… qui ne conviennent pas.

La culture de la performance a érigé certains produits en « instruments de travail ».

Ne diabolisons pas la performance. Comme Manuel Dupuis l’explique dans le premier article de ce numéro, si nous répondons positivement à la culture de la performance, c’est que nous y trouvons du positif : une valorisation de soi, des défis à relever, une meilleure connaissance de soi-même, un sentiment d’utilité…

Quelle place donner dès lors à l’échec, ou à la vulnérabilité ? Les normes de performance peuvent-elles cohabiter avec le bien être ? Toutes ces questions sont en débat dans ce numéro.

Oui, la résilience individuelle est un atout. Non, elle ne peut pas tout résoudre. La responsabilité institutionnelle est très centrale. Alors que la psychologie positive et le développement personnel rencontrent un certain succès, les accompagnants sociaux doivent-ils être les alliés des individus qu’ils croisent dans une relation interpersonnelle ou bousculer les structures et les organisations, qu’il s’agisse du blocus étudiant, de l’entreprise ou du club de sport ?

L’action collective sur le contexte, la solidarité entre pair.e.s s’est naturellement mise en place à Louvain-la-Neuve, tandis que les articles sur la prévention des usages problématiques en entreprises montrent combien celle-ci serait essentielle mais demande un changement de mentalités et une forte disponibilité des employeurs, des employés et des syndicats.

La place de la performance dans notre société est un sujet éminemment politique. Dans le numéro 87 de notre revue, l’urgence de la prévention, telle que la définit la Promotion de la santé, est criante. Il faut politiser le burn out.

Enfin, nous tenons à vous informer que le processus d’évaluation de la revue se termine. Nous remercions chaleureusement toutes les personnes nous ayant partagé leur avis sur la revue. Ceux-ci furent instructifs pour nous, et nous permettent de vous préparer une revue (encore) plus adaptée à vos attentes. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans le prochain numéro.