En quelques mois, la Déclaration d’Oviedo, dont on retrouvera la retranscription complète à l’article suivant du présent numéro, a connu une diffusion massive sur le plan international et suscité l’intérêt de nombreuses organisations signataires. Retour sur un succès, qui ne se veut qu’un début.
C’est le 9 juin 2023 que des experts internationaux en matière de drogue se sont réunis à Oviedo, en Espagne, dans le cadre d’une consultation organisée par Proyecto Hombre en vue d’approfondir les discussions autour des stratégies les plus efficaces (et les mieux étayées par des données probantes) en matière de prévention de la consommation de drogues. Le prétexte en était donné par la publication d’une étude longitudinale d’évaluation du programme de prévention en milieu scolaire « Juego de Llaves » (Jeu de clés) – étude menée conjointement par le gouvernement espagnol, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Université d’Oviedo.
Suite à cette rencontre, près de 200 experts ont travaillé sur une base volontaire pour rédiger, diffuser et adopter la Déclaration d’Oviedo, afin de mettre la prévention au premier plan des politiques en matière de drogue. À l’heure de boucler le présent numéro, le texte a été traduit en 21 langues et signé par 1 085 organisations de par le monde. Des points de contact ont en outre été établis dans 108 pays (pour la Belgique, l’asbl Trempoline) afin de poursuivre le processus de diffusion et d’appropriation du texte.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser son appellation, la Déclaration évoquée d’Oviedo ne revêt pas de caractère officiel, mais émane au contraire d’un travail d’expertise associative et militante – travail qui a connu une première reconnaissance le 21 mars 2024, avec l’invitation faite à Proyecto Hombre de venir échanger informellement avec le président de la Commission des stupéfiants de l’ONU, Philibert Johnson, à l’occasion de la 67ème session de la Commission des stupéfiants qui avait lieu à Vienne. Voici la réponse que la présidence a apportée à la question que posait Proyecto Hombre à propos de la possibilité de se servir de son mandat pour « pour encourager les États membres à intégrer de manière significative et à investir davantage dans une prévention efficace et fondée sur des données probantes dans la politique en matière de drogues ».
« Nous sommes tous d’accord sur la prévention. Si nous étions en mesure prévenir la consommation et l’abus de drogues, nous ne serions pas assis ici. La Commission des stupéfiants constitue une plateforme essentielle pour l’échange de bonnes pratiques. Dans le domaine crucial de la politique de prévention fondée sur des données probantes, j’ai présenté un plan d’action, mais il s’agit d’un processus volontaire dans le cadre duquel certains pays se sont engagés à déployer des efforts. On ne peut pas forcer les pays à le faire et le mandat de la présidence est seulement de faciliter. Mon travail consiste à discuter avec les États membres à ce sujet. Je pense que nous pouvons obtenir des résultats optimaux dans ce domaine. Le directeur exécutif de l’ONUDC a également lancé un programme appelé CHAMPS. J’essaierai autant que possible de voir si nous pouvons obtenir une collaboration efficace. »
À ne pas confondre avec La Convention d’Oviedo (du Conseil de l’Europe) relative à protection des Droits de l’Homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine, qui a été ouverte à la signature en 1997.
[Notre traduction] L’intégralité du dialogue est disponible sur le blog de la présidence de la Commission des stupéfiants : https://cndblog.org.