Les Assises de la prévention dans l’aide à la jeunesse

13.01 2022

Dans le cadre des Assises de la prévention, un processus participatif a été mis en place fin 2021 afin de mettre en débats, au sein des acteur.rice.s du secteur social, des références communes relatives aux missions de prévention dans l’aide à la jeunesse. Prospective Jeunesse a participé au processus.

La 1ère étape des Assises de la prévention a consisté à identifier et de formuer des questions à investiguer collectivement afin de favoriser les actions et les relations entre les acteurs de la prévention.

Prospective Jeunesse a soulevé la question des liens structurels, à créer, entre les secteurs de l’Aide à la jeunesse et de la Promotion de la santé dans une optique de prévention des consommations problématiques de substances psychotropes et/ou de l’usage abusif des écrans auprès des jeunes.

 

Lire la contribution de Prospective Jeunesse

Quelle question mériterait d’après vous un examen collectif dans le cadre des Assises de la prévention?

Le rôle de la Promotion de la santé dans le développement d’une politique de prévention des assuétudes en matière d’Aide à la jeunesse, et l’établissement de partenariats structurels entre les opérateurs de la Promotion de la Santé à Bruxelles et en Wallonie et ceux de l’Aide à la jeunesse.

Pourquoi cela vous apparaît-il nécessaire?

Les diagnostics sociaux établis par les Conseils de prévention de l’Aide à la jeunesse ne mentionnent que très marginalement les difficultés rencontrées par les acteurs de l’Aide à la jeunesse en matière d’assuétudes, et encore moins, dans la cartographie des opérateurs susceptibles d’enrichir le travail en réseau, les organisations actives en matière de Promotion de la santé.

Or les premières données disponibles quant aux conséquences de la pandémie sur l’évolution de la consommation de substances psychotropes et d’écrans semblent attester, si pas une augmentation de la consommation globale, en tout cas un accroissement des consommations potentiellement problématiques chez les jeunes. La santé, contrairement à ce qui a été mis en évidence majoritairement au cours des derniers mois, n’est pas qu’une question épidémiologique. Le bien-être physique, mental et social, la capacité de résilience en sont des éléments cruciaux.

Il nous semble dès lors important de mettre au cœur du débat des Assises de la prévention la question de la prévention en matière d’assuétudes et de l’établissement de partenariats avec des acteurs de la Promotion de la santé pour aider les acteurs de l’Aide à la jeunesse à se saisir de cet enjeu de manière à la fois positive et proactive.

Si des expériences localisées de tels partenariats existent déjà, elles se font encore au cas par cas, sur la base de contacts interpersonnels, et sont très loin d’être généralisées ou institutionnalisées.

Or, parfois sans le savoir, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, les travailleurs de l’Aide à la jeunesse sont autant d’adultes-relais susceptibles d’aider leur public à devenir des acteurs de leur propre santé. Ce rôle, ils peuvent le jouer en matière de prévention des assuétudes, bien évidemment, mais également de manière beaucoup plus large, en considérant la santé, non pas de manière uniquement négative, mais comme “un concept positif mettant l’accent sur les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques” (selon les termes de la Charte d’Ottawa de Promotion de la santé (1986).

Cette même Charte insiste largement sur le caractère fondamentalement intersectoriel de la Promotion de la santé, qui fait de chacun les acteurs de la santé de tous: “Quel que soit leur milieu, les gens sont amenés à intervenir en tant qu’individus, ou à titre de membres d’une famille ou d’une communauté. Les groupes professionnels et sociaux, tout comme les personnels de santé sont, quant à eux, particulièrement responsables de la médiation entre les intérêts divergents qui se manifestent dans la société à l’égard de la santé”.

Cette fonction d’adulte-relais, acteur de la santé de tous, il pourrait être socialement utile de la sortir du non-dit, d’en expliciter les coordonnées, et de diffuser parmi les acteurs de l’Aide à la jeunesse une culture de la Promotion de la santé, et plus concrètement, les outils qui permettent de l’accomplir au mieux.

De nombreux modules de développement des compétences psychosociales existent en effet, adaptés à différents âges, dont la validité a été empiriquement établie sur la base de dispositifs d’évaluation rigoureux (voir notamment “Le développement des compétences psychosociales: la version probante de la prévention”, Drogues, Santé, Prévention, n° 94, 2021. De tels modules font par exemple l’objet d’une stratégie nationale en France, développée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).

Quelles sont vos attentes par rapport à ce travail d’exploration ?

Il s’agirait d’explorer les intérêts mutuels, mais aussi les possibles obstacles au développement de collaborations structurées entre les secteurs de l’Aide à la Jeunesse et de la Promotion de la santé, d’évaluer la pertinence des différents modules existants de développement des compétences psychosociales, et d’étudier la possibilité d’en construire de nouveaux, spécifiquement adaptés au secteur de l’Aide à la jeunesse.

Pour en savoir plus sur les Assises de la prévention : www.assisesdelaprevention.be

 

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