Les usages des TIC par les jeunes : Des terrains d’expérimentation, de socialisation et de construction personnelle

avril 2014

À rebours des discours alarmistes et catastrophistes, Hugues Draelants nous rappelle que les nouveaux environnements technologiques sont autant de terrains d’expérimentation qui permettent aux jeunes de se construire face aux questions existentielles qui les touchent. Une émancipation des jeunes passera d’ailleurs par l’affirmation d’une consommation autonome de médias, Internet peut représenter alors un lieu complémentaire de socialisation et de quête de soi.

Comment en êtes-vous venus à vous intéresser aux usages des nouvelles technologies par les jeunes (2) ?

En fait, la première fois que j’ai eu l’occasion de m’intéresser et de travailler sur les technologies de l’information et de la communication (TIC), c’est lorsque j’étais encore étudiant, à la fin des années 90. Je me suis particulièrement intéressé à la manière dont les jeunes s’appropriaient ces technologies pour se socialiser, pour communiquer entre eux. J’avais alors découvert les chats sur Internet. Le phénomène n’était pas encore connu et il n’y avait pas encore vraiment de recherches à ce sujet. En lien avec mes études en sociologie, je me suis inté- ressé à la question de savoir comment Internet pouvait modifier les relations sociales. Je me suis dit qu’il y avait des choses intéressantes qui se passaient sur ces forums de discussion en ligne en termes d’interactions sociales et de redéfinition du rapport à autrui.

J’y ai donc trouvé un objet pour mon travail de fin d’études que j’ai effectué via la méthodologie de l’observation participante: De participant aux chats que je pratiquais moi-même, je suis devenu observateur en essayant de prendre progressivement le recul nécessaire pour la recherche que je menais.

Ce qui me frappait déjà c’étaient les nombreux discours véhiculés par la société des « adultes ». Beaucoup ne comprenaient pas ce qu’était Internet, et encore moins ce qu’étaient les chats. Ils catégorisaient souvent ces activités comme futiles et sans intérêt, voire alarmantes et dangereuses.

Mon objectif était de comprendre et de montrer ce que les jeunes faisaient de ce type de nouveaux médias et comment ils le faisaient afin de, peut-être, dédramatiser le discours ambiant.

C’est aussi pour ces raisons que, quelques années plus tard, j’ai rédigé Bavardages dans les salons du Net (3) à destination des personnes qui ne connaissaient pas ces nouveaux types de médias, reprenant les résultats de mes travaux de recherche permettant de relativiser et dédramatiser les pratiques des jeunes sur Internet.

À l’heure actuelle, je suis professeur de sociologie à l’UCL. Mes travaux de recherches portent plus spécifiquement sur la sociologie de l’éducation, sur des questions telles que la mise en œuvre des politiques scolaires (notamment les politiques de lutte contre le redoublement), les inégalités sociales face à l’école appréhendées « par le haut », à travers la socialisation des élites scolaires, et la construction des aspirations d’études supérieures… Je m’inté- resse aussi beaucoup aux établissements scolaires, à la façon dont leurs réputations influent sur les choix d’école et plus généralement au rôle de l’établissement dans la construction des inégalités.

Idéalement, un de mes projets pour les années à venir serait de relier mes intérêts de recherches passés et actuels en approchant la question des interactions entre culture numérique et culture scolaire. Les TIC déstabilisent d’une certaine manière l’ordre scolaire. Le développement de la culture numérique et de la socialisation par les écrans (ordinateur, jeux vidéo, télévision, téléphones portables) peut-il cependant être pensé autrement que sous le mode de l’obstacle ou du dérivatif à l’apprentissage? Quelles inclinations à penser et à agir, notamment vis-à-vis d’autrui et vis-à-vis du monde qui nous entoure ces évolutions induisent-elles chez les élèves actuels? Y a-t-il des activités en ligne susceptibles de développer des compétences et des dispositions en phase avec ce qui est attendu par l’institution scolaire, à quelles conditions? Quelles nouvelles formes d’iné- galités scolaires cela génère-t-il?

Pourriez-vous résumer les grandes lignes des résultats de vos recherches sur l’utilisation des TIC par les jeunes ?

Le premier grand constat à souligner est que les usages des médias par les jeunes sont multiples: il n’y a pas une façon unique de s’y investir. Les deux grandes logiques qui sous-tendent ces usages pluriels sont d’une part l’intégration dans un groupe, et d’autre part la recherche identitaire. Ces deux processus sont tout à fait représentatifs de la période d’adolescence, transition entre l’enfance et l’âge adulte, qui renvoie à la fois à une distanciation envers des parents ou des personnes « d’autorité » pour se rapprocher des pairs, et à la construction identitaire.

Pour certains jeunes, ces TIC offrent avant tout des espaces alternatifs d’intégration sociale: ils vont être participatifs et prendre progressivement des rôles plus importants dans ces nouveaux espaces virtuels, en devenant par exemple modérateurs d’un espace de discussion. Il peut donc y avoir une vraie logique d’implication, de mobilisation, d’intégration dans un groupe.

Les nouveaux médias, dont le téléphone portable, sont ainsi avant tout des outils de socialisation, de mise en lien avec autrui et d’autonomisation vis-à-vis des parents. Ils permettent principalement aux jeunes de rester sans cesse connectés, en relation avec leur groupe de copains en évitant un certain contrôle parental. Or, on sait qu’à l’heure actuelle, surtout dans certains milieux tels que les classes moyennes et supérieures, les parents sont souvent hyperprésents pour contrôler leurs enfants. Les adultes se rendent bien compte que ces TIC modifient d’une certaine manière la relation qu’ils peuvent avoir avec la jeune génération, que quelque chose leur échappe, qu’ils perdent en partie le contrôle des fréquentations de leurs enfants, de ce qui est transmis à leurs enfants.

Les inquiétudes, les discours de type alarmiste pourraient entre autres provenir de ces modifications du rapport des adultes avec les jeunes ?

Les discours alarmistes sont effectivement souvent issus d’un décalage, d’une modification de la relation entre jeunes et adultes. C’est le cas actuellement avec les TIC, mais cela a aussi été le cas par le passé avec l’apparition de phénomènes culturels tels que le « rock ». Cette perte de contrôle par la génération plus ancienne sur la nouvelle génération s’accompagne d’une peur chez les adultes, d’où provient l’idée qu’il faut contrôler, qu’il faut empêcher ces nouveaux phénomènes.

La transmission culturelle des parents ou de l’école vers les jeunes semble également beaucoup plus compliquée à réaliser aujourd’hui qu’avant. Traditionnellement, la transmission culturelle se faisait de manière verticale: de l’institution vers les destinataires, des parents vers les enfants. Alors qu’à l’heure actuelle, la transmission culturelle se fait de plus en plus sur un mode horizontal: les jeunes s’influencent mutuellement, mais ils sont également soumis aux influences des industries qui sont, elles, fortement orientées vers la finalité marchande, vers la consommation.

Dès lors, les parents, les éducateurs, l’école sont inquiets sur le fait que cette transmission est beaucoup plus difficile à contrôler aujourd’hui car elle est notamment facilitée par les TIC qui font fi de l’autorité verticale et qui sont justement moins bien maîtrisées par les adultes. La position à cet égard s’inverse: les adultes ne sont plus en position d’autorité ou de dominance par rapport à ces nouveaux outils.


(2) Propos recueillis par Alain Lemaitre.
(3) Draelants Hugues, Bavardages dans les salons du Net, Bruxelles, éditions Labor, collection « Quartier Libre », no 69, 2004, 95 pages.

Une consommation autonome de médias par les jeunes peut aussi être un facteur d’émancipation ?

C’est vrai qu’on peut parler d’une forme d’émancipation dans la mesure où les jeunes vont se servir de ces médias comme de terrains d’expérimentation, des terrains qui leur permettent de se construire.

Par exemple, certains jeunes vont s’essayer à endosser d’autres identités. Sur Internet, certains univers, tels les chats, permettent très facilement de par leur anonymat ces jeux avec l’identité: chacun peut interagir avec un autrui dont on ne sait finalement pas grand-chose à part le pseudo. Ce lien relationnel anonyme et peu contraignant — à la limite, il suffit de changer de pseudo pour ne plus être identifiable et se désengager de la relation en cours — permet facilement ces expérimentations sans prendre de risque du point de vue relationnel puisque le jeune peut se dire qu’il est à l’abri derrière son écran.

Et dans ce contexte des TIC, reste-t-il des occasions pour que les jeunes puissent se confronter au modèle adulte, pour pouvoir apprendre ?

C’est parfois justement le cas dans ces univers anonymes qui permettent des jeux avec l’identité notamment chez les plus jeunes qui découvrent ces nouveaux environnements et qui peuvent s’amuser à jouer avec les règles, à essayer de transgresser, quitte à manipuler leur propre identité — plutôt que de chercher à manipuler autrui — afin d’essayer d’y réfléchir.

On peut donc s’essayer à endosser d’autres identités pour voir ce que ça fait: se faire passer pour plus âgé pour expérimenter un statut, un rôle qui n’est pas le sien, ou se mettre dans la peau d’une fille si on est un garçon et vice-versa.

Ce serait donc une façon plus facile de se mettre en jeu par rapport à ses propres questions existentielles ?

Plus facile via l’anonymat et d’une certaine manière sans risque puisqu’on peut facilement changer de pseudo. Cela est bien moins praticable « dans la réalité », car la visibilité du face-à-face contrecarre rapidement les expérimentations d’autres identités. Beaucoup participent aussi à ces environnements pour ne pas être rejetés, parce qu’il faut « en être » pour pouvoir s’intégrer dans le groupe, pour ne pas être « hors du coup ». Mais d’un autre côté et en contrepartie à cette espèce de tyrannie du groupe, peut se créer dans ces espaces une forme de liberté de parole des adolescents. C’est aussi une façon de prendre de l’autonomie vis-à-vis de ses copains. Par exemple, des recherches ont pu montrer des différences en ce qui concerne les relations garçons-filles. On sait qu’à l’adolescence, les relations sont fortement régies par des normes de genres. Les garçons ont souvent du mal à aller vers les filles, à montrer un intérêt pour des activités connotées plus féminines. Or, via les TIC, les filles et les garçons peuvent dialoguer plus librement qu’ils ne le feraient par exemple dans la cour de récréation où il y a toujours le groupe de pairs qui est là et qui impose une certaine pression au jeune à se conformer compte tenu des stéréotypes sexuels et à assumer une part de féminité ou de masculinité. Les filles remarquent d’ailleurs que les garçons s’expriment très différemment avec elles lorsqu’ils leur parlent par l’intermédiaire d’un chat. La relation est plus apaisée, plus facile, moins soumise au conformisme des stéréotypes sociaux et sexuels. Dans ce sens, le chat permet de casser un peu les déterminants de genre. Ce sont donc des espaces où peuvent se réinventer des nouveaux modes culturels, libérés en partie des carcans de la vie « réelle ».

D’une certaine manière, l’anonymat permet de se dévoiler plus facilement et plus sincèrement ?

Effectivement. Si l’anonymat de certains espaces des TIC est souvent perçu comme négatif — dans le sens où il pourrait mener à des excès dans la tromperie et surtout dans les répercussions qu’elle peut avoir pour autrui —, il permet aussi aux jeunes d’exprimer des choses parfois plus vraies, de se confier davantage, que ce qu’ils feraient dans d’autres situations, notamment dans la vie réelle où le contrôle social peut être très pesant. Le risque pour l’utilisateur lui-même s’apparenterait à une forme de déresponsabilisation, ou de perte de soi dans ce type d’univers. De plus, il arrive que certains jeunes passent un temps démesuré sur Internet et aient tendance à délaisser leur identité « réelle ». Mais la plupart du temps, ces phénomènes s’épuisent et se régulent d’eux-mêmes avec l’âge.

Que penser de cette autre inquiétude souvent rapportée par les adultes, celle de la confusion entre le réel et le virtuel ?

Contrairement à la crainte des adultes, la très grande majorité des jeunes sait très bien faire la part des choses. Les jeunes sont en général très conscients lorsqu’ils abusent par exemple de jeux vidéo: ils sont alors souvent les premiers à se qualifier de « no life ».

Il est néanmoins vrai qu’il n’est pas toujours facile de mettre une limite. Certains jeunes s’engagent et se perdent un peu dans ce type de pratiques en s’y investissant trop, mais à la limite pour de bonnes raisons ou pour des motivations qui pourraient être qualifiées de louables: Ils sont tournés vers le groupe, ils ont envie de participer, de s’intégrer à une communauté. C’est le cas par exemple de certains jeux en ligne, les jeux massivement multijoueurs. Le fait qu’il y ait plusieurs joueurs crée un système social et une implication vis-à-vis d’une communauté. On ne joue pas seul, il s’agit à la fois de faire avancer son personnage, mais aussi d’être loyal envers son équipe.

S’ils faisaient cela dans un autre contexte, comme dans un club de sport, les adultes le comprendraient beaucoup mieux. Mais dans le contexte d’un jeu en ligne, perçu par l’extérieur comme une pratique où l’adolescent s’enferme seul devant son écran, le regard social est plus négatif, voire alarmiste.

Dans vos recherches, vous insistez sur la façon dont le Net, grand terrain de jeu, peut être un outil d’éducation…

Tout à fait. À l’opposé de l’idée répandue que les jeunes passent du temps sur Internet à des activités futiles ou s’échangent des salutations et des propos très banals, où il ne se produit rien, ces nouveaux environnements technologiques peuvent être considérés comme de très intéressants outils d’éducation. Une série de micro-apprentissages se produisent en effet à travers ces espaces: apprentissages des rôles, des règles du jeu, d’une prise d’autonomie vis-à-vis des parents et vis-à-vis du groupe de pairs.

On stigmatise par exemple souvent les chats ou le langage SMS qui contamineraient l’orthographe des jeunes. On peut tout autant les envisager comme un jeu avec la langue, une façon de s’approprier le langage et d’être décomplexé par rapport à la langue française qui est très académique, souvent présentée comme immuable, comme quelque chose qu’il faut révérer. Les chats et les SMS peuvent donc aussi être vus comme des moyens de s’exprimer qui montrent une belle inventivité des jeunes. Cela peut bien sûr être problématique d’un point de vue orthographique pour des jeunes qui n’ont pas reçu les bases de cet apprentissage. Mais le plus grand nombre a bien conscience des codes et de leur variabilité, ils savent bien qu’on ne s’exprime pas à l’école comme on s’exprime par SMS avec les copains.

Ce sont de nouveaux moyens de s’exprimer qui montrent une belle inventivité! D’ailleurs, les jeunes écrivent beaucoup plus qu’on ne le pense. Avec des collègues, nous avons rédigé un petit article sur les pratiques et les représentations juvéniles de l’écriture l’année passée (4). Nous avons demandé à des jeunes de collecter tout ce qu’ils écrivaient sur tous les supports (papier, GSM, ordinateur…) pendant deux semaines. On s’est rendu compte qu’ils écrivaient énormément, avec des usages multiples de l’écriture, et qu’ils étaient très attachés à l’orthographe, à la norme morale de l’écriture: quelqu’un qui sait écrire leur inspire confiance, alors qu’ils se méfient de quelqu’un qui n’écrit pas bien. Nous avons nous-mêmes été étonnés de ces résultats. Alors qu’on présente souvent les jeunes comme ignorants ou affranchis de cette norme, ils y sont au contraire très attachés.

À mon sens, si l’orthographe des jeunes est moins bonne aujourd’hui que par le passé, c’est davantage lié au fait que l’orthographe occupe moins de place dans les cursus scolaires. Je ne pense pas qu’il faille nécessairement pointer du doigt les TIC comme première cause à ce constat.

Ces nouveaux espaces de sociabilité pourraient-ils aussi être des ressources pour prévenir des usages problématiques ?

Il y a certainement des choses à imaginer en ce sens, une forme de partage d’expériences, de groupe de discussions pour prévenir les usages problématiques. Je sais qu’il existe aussi des associations qui utilisent l’anonymat des chats afin de proposer des services aux jeunes qui ont des difficultés dans leur famille, des problèmes sociaux ou personnels. Il est parfois plus facile pour un jeune de se tourner via l’écran de l’ordinateur vers ce type de dispositif anonyme pour raconter ses problèmes, pour s’exprimer un peu comme les standards téléphoniques auxquels on peut faire appel en cas de difficultés. Et c’est peut-être même encore plus facile lorsque l’interaction passe uniquement par du texte par l’intermédiaire du clavier.

Que donneriez-vous comme conseils aux adultes, parents ou professionnels ?

Le conseil que je leur donnerais est avant tout de s’intéresser à ce que font les jeunes avant de juger trop négativement. Les jeunes qui utilisent les TIC ne se reconnaissent pas dans la façon alarmiste de voir les choses souvent véhiculée par les médias.

Prenons l’exemple des jeux vidéo. Dès qu’il y a une tuerie quelque part, on trouve dans les médias des articles de journalistes qui établissent un lien entre jeux vidéo et violence (5). Cette vision unilatérale des usages des TIC stigmatise les usagers et est réductrice de la multiplicité des usages des TIC par les jeunes qui, comme nous l’avons déjà évoqué, ne sont pour la plupart ni isolés, ni coupés du monde, mais plutôt des passionnés.

Comme dans toute passion, il peut y avoir des excès, qui trouvent leurs explications plutôt dans des caractères, des traits psychologiques, que dans des pathologies qui seraient nécessairement générées par ces nouveaux médias.

La plupart des jeunes essaient de réguler leurs usages, et en général, je constate une évolution de leur pratique. Il est vrai que parfois il y a un moment où les jeunes s’investissent beaucoup. Ils découvrent, ils peuvent y passer beaucoup de temps, mais progressivement ils prennent du recul et ils finissent par limiter leurs usages. Les choses se remettent en place d’elles-mêmes.

Comme beaucoup de pratiques excessives à l’adolescence.

Exactement. Les parents s’inquiètent dans les moments de grands investissements des TIC par leurs enfants car cela peut empiéter sur l’investissement scolaire. Leurs inquiétudes sont compré- hensibles et pourtant, je leur conseillerai de ne pas trop s’alarmer et en tout cas d’instaurer un dialogue avec leurs enfants. Vouloir comprendre comment fonctionnent les TIC est un bon moyen pour pouvoir nouer un dialogue avec les adolescents.

Peut-on faire des TIC un outil au service de l’école ?

Concernant l’école, ce qui m’intéresse avant tout est de comprendre ce que produisent ces nouvelles pratiques en termes de compétences et si ces acquisitions sont en phase ou en décalage avec ce que l’école attend de la part des jeunes.

Là encore, la tendance est de mettre en avant les effets négatifs d’Internet, l’idée, par exemple qu’Internet éparpille l’attention des jeunes qui ne savent donc plus soutenir leur attention pendant une heure de cours. Ces facilités à passer d’une chose à l’autre, à faire des liens, à trouver des transversalités pourraient aussi être appréhendées comme de nouvelles compétences. Les moteurs de recherche pourraient aussi être perçus comme des atouts. On peut s’informer beaucoup plus facilement qu’avant, on peut accéder directement à des encyclopédies comme Wikipédia, qui permettent de ne pas être seulement spectateur, mais aussi acteur de sa recherche et contributeur des informations mises sur Wikipédia, par exemple. Cette curiosité, ces nouveaux moyens pour s’informer, se tourner plus facilement vers un dictionnaire ou une encyclopédie pourraient aussi être intéressants pour l’école.

L’école comme les parents doivent se saisir de ces enjeux et éduquer à un regard critique sur ces nouveaux outils. Si les jeunes sont très à l’aise avec ces derniers, ils n’ont pas toujours le recul critique nécessaire. Ils l’acquièrent sans doute progressivement, mais un accompagnement peut être mis en place par les adultes, par l’instauration d’un dialogue et une reconnaissance des compétences des jeunes plutôt que par une position jugeante qui risquerait de susciter du rejet, ce qui serait pire que tout.


(4) Leporcq Carine, Siroux Jean-Louis, Draelants Hugues, « Pratiques et représentations juvéniles de l’écriture à l’ère d’Internet », Les Cahiers de recherche du Girsef, no 94, juin 2013.
(5) Sur cette question voir Draelants Hugues, Frippiat Didier, « Jeux vidéo et violence: questionnement d’un lieu commun médiatique », Les Politiques sociales, no 1 et 2, 2006, p. 61-72.