Jeunes et dépendances : comment accompagner en tant que parents ?

15.08 2022

L’adolescence est une période de bouleversements multiples. Les jeunes font l’expérience de situations nouvelles. Cannabis, alcool, jeux vidéo, réseaux sociaux… La question des dépendances et des conduites à risques se pose alors souvent avec une acuité particulière. En tant que parents, comment faire face aux difficultés engendrées par des situations de consommations du/de la jeune ? Comment gérer sa propre angoisse, son sentiment d’impuissance ? L’asbl Prospective Jeunesse propose aux parents une guidance parentale. Un espace d’écoute et de soutien, ainsi que des outils concrets pour une meilleure compréhension des dynamiques en jeu.

« Notre fils passe ses journées sur son téléphone. A la maison, il ne nous parle plus. A l’école, c’est la cata. Dès qu’on essaie de mettre des limites, c’est la guerre. » Les parents de Yannick s’inquiètent. Pour eux, leur fils est « addict aux écrans ». « Comment peut-on l’aider à changer de comportement ? ». Pour Véronique Decarpentrie et Federico Di Cocco, les deux psychologues de Prospective Jeunesse, il s’agit là d’une question typique posée en guidance parentale.

« Dès le départ, nous invitons les parents à se fixer des objectifs clairs sur lesquels nous travaillerons ensemble, explique Federico. La guidance parentale, telle que nous la proposons, est un accompagnement limité dans le temps et structuré qui a pour but d’amener vers un changement. Mais pas forcément celui qu’imaginent les parents tout au début du processus. »

Ceci n’est pas une thérapie

La guidance parentale n’est pas une thérapie. Il ne s’agit pas de travailler sur la personnalité ou sur les problèmes émotionnels de l’adolescent.e qui consomme. Il ne s’agit pas non plus de soigner les personnes. Le but de la guidance (de +/- 4 séances) est d’autonomiser les parents dans les situations problématiques vécues avec leur enfant. Donc s’il y a quelque chose à soigner, c’est la relation parent(s)-enfant.

Alors, comment passe-t-on de la volonté de départ exprimée par les parents qui est souvent: « J’aimerais que mon enfant décroche de son téléphone ou arrête de consommer du cannabis » à la formulation d’un objectif co-construit avec le/la psy : « Comment agir par le dialogue et la communication » ?

Dès la 1ère séance, les deux psychologues demandent aux parents sur quoi pensent-ils avoir le contrôle dans leur relation avec le/la jeune. « Nous utilisons par exemple une échelle de mesure, explique Véronique. De 1 à 10, où situez vous votre sentiment de pouvoir agir sur la situation ? Qu’est-ce qui fait que vous n’êtes pas à 0 ? Qu’est ce qui vous manque pour être à 10 ? »

Mobiliser les ressources et dégager des pistes d’actions

Le travail d’accompagnement tient essentiellement aux compétences des parents ou des adultes responsables du/de la jeune consommateur.rice. « Nous mobilisons les ressources qui sont déjà là, poursuit Federico. Nous identifions tout aussi bien les obstacles au sein de la famille que la fonction des difficultés rencontrées. Qu’est-ce qui a déjà été mis en place pour solutionner la situation ? Qu’est-ce qui a fonctionné à certains moments et ce qui n’a pas fonctionné à d’autres ? De là, nous définissons ensemble les objectifs et les pistes d’actions.»

L’étape suivante consiste à amener les parents à s’interroger sur leur propre posture individuelle. La guidance offre un temps d’arrêt et une prise de recul qui leur permettent de considérer la situation à travers une autre paire de lunettes.

Se défocaliser du produit

« On invite les parents à s’interroger sur leurs propres représentations des drogues (ou des écrans). La majorité des personnes qu’on accompagne se focalise avant tout sur les dangers des produits psychotropes, amplifiés par les médias, et les risques encourus par les jeunes consommateur.rices, explique Federico. Notre approche consiste à dédramatiser la situation et à déplacer la focale sur les motivations qui poussent le/la jeune à consommer plutôt que sur le produit en lui-même. » Cela amène à une vue plus globale de la situation vécue par la famille et amène d’autres pistes pour agir.

La notion de plaisir comme porte d’entrée

L’échiquier constitue l’un des outils utilisés par l’équipe de Prospective Jeunesse pour aider les parents à renouer le dialogue avec leur jeune. Pour Véronique, « c’est un moyen d’aller à la rencontre de l’autre via d’autres chemins que ceux empruntés habituellement. »

Plus concrètement, l’échiquier n’aborde pas la question des drogues de manière frontale. Il s’agit d’interroger le/la jeune sur ses sources de plaisir. « Qu’est-ce qui te fait du bien, te détend, te donne la pêche ? » Cet outil permet aux parents d’ouvrir le dialogue avec leur enfant autour de la notion de plaisir. « C’est un point de départ intéressant pour prendre conscience que ce n’est pas forcément le produit qui pose problème. Tout peut poser problème, poursuit Federico. La motivation à consommer qui dans ce contexte pose problème est d’office positive vu qu’elle est le moteur d’une recherche de bien-être. « Cela devient problématique quand il s’agit de l’unique manière de trouver du bien-être. »

« Et puis, la notion de plaisir est tout aussi importante pour les parents, ajoute Véronique. On se rend compte que les situations de consommations du/de la jeune sont tellement envahissantes que les parents eux-mêmes n’arrivent plus à se faire plaisir, à créer des espaces personnels pour se faire du bien. » L’échiquier peut ainsi servir à remobiliser les parents autour de la notion de plaisir et d’engranger un cercle vertueux « au plus je me fais du bien, au plus je vais bien et au plus l’ambiance familiale est meilleure ».

Une étape pour cheminer ailleurs

« En générale, il ne faut pas grand-chose pour que les choses se passent, conclut Véronique. Déjà après trois séances, les parents, qui viennent nous voir, se sentent moins angoissés et plus confiants en leurs propres capacités à gérer la relation. »

La confiance en soi mène vers le dialogue qui devient le terreau du changement. « Ceci ne veut pas dire que le/la jeune a arrêté de consommer ou n’est plus accro aux écrans. Mais qu’un nouvel espace s’est créé où le dialogue est possible et où la question des consommations du/de la jeune peut être abordée plus sereinement ».

Federico d’ajouter « la guidance parentale constitue une étape qui permet de cheminer ailleursDans certains cas, quand cela s’avère nécessaire, le travail entamé en guidance parentale peut se poursuivre dans le cadre d’une thérapie psychologique individuelle voire familiale, qui, contrairement à la guidance, peut s’étaler dans la durée et évoluer en fonction des besoins spécifiques de chacun.e.

A ce titre, Prospective Jeunesse offre également un service d’accompagnement psychologique à  toute personne (jeune, adulte) rencontrant des questions ou des difficultés en lien avec sa consommation (ou celle de ses proches). Plus d’infos : accompagnements psychologiques.

Infos pratiques

Séances

  • 4 séances en présentiel ou en distanciel (par téléphone ou par visioconférence)
  • Durée de séance: 45 min
  • Fréquence: selon les objectifs et le soutien nécessaire
  • Avec un ou plusieurs parent(s)
  • Sur rendez-vous: horaires des consultations entre 9h30 et 16h00, du lundi au vendredi

 

Prix

  • 15 € par séance en individuel
  • 20 € par séance en groupe (plusieurs membres du cercle familial)
  • Première séance gratuite

Le prix ne doit pas être un frein. Si tel était le cas, n’hésitez pas à prendre contact avec nous et à vous renseigner auprès de votre mutuelle pour le remboursement.

 

Lieu de consultation

  • Adresse : 144 Chaussée d’Ixelles à 1050 Ixelles
  • Accès : Métro Ligne 2 (arrêt Porte de Namur) ou BUS 71 et 54 (arrêt Place Fernand Cocq)

 

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